L'idéologie économique Le
nucléaire a été présenté comme une source d'énergie illimitée, permettant de
répondre à un doublement supposé de la consommation tous les dix ans.
Aujourd'hui, les OGM sont présentés comme la source d'alimentation
illimitée, permettant de répondre à toute augmentation de la population.
L'un comme l'autre répondent parfaitement au principal commandement de notre
société, autour duquel s'organise l'ensemble des idées et des valeurs : la croissance
de la production et des échanges. Ainsi est acceptée toute
technique qui sert la croissance. Il ne s'agit plus de discuter de la finalité des
techniques ou de leur opportunité d'un point de vue social et écologique, mais seulement
de leurs modalités d'emploi au cas par cas. Dans ce cadre, la seule analyse "
politiquement correcte " est l'analyse couts-avantages, qui présuppose l'accord sur
la technique. Tout débat de fond est écarté et l'argumentation placée uniquement sur
le terrain scientifique. Cela se traduit au final par la position fade mais généralisée
dans l'opinion publique du Oui, mais avec toutes les précautions Pour nous, il n'existe
pas de nucléaire "raisonnable ", ou des OGM
"raisonnablement maîtrisés ". Notre critique va bien au-delà des
simples risques et conteste d'abord et avant tout ces techniques en tant que
telles.
Le bluff technologique
Le bluff technologique
atteint son absolu lorsqu'il prétend résoudre les problèmes posés par la technique par
un surcroît de technique (3). C'est ainsi que le nucléaire a été lancé en 1974 sans
aucune idée de la façon dont seraient traités les déchets, ou que les OGM sont lancés
aujourd'hui sans aucune idée, et pour cause, des conséquences écologiques et sanitaires
à long terme. Dans les deux cas, un véritable acte de foi postule que la technique
résoudra les problèmes le moment venu.
Le vide démocratique Dans le domaine nucléaire, le vide a été net et sans bavure : aucune consultation ni du citoyen ni du Parlement à son lancement! Quant aux OGM, la première décision d'autorisation de culture est prise en février 1998, le " débat citoyen " a lieu quatre mois plus tard pendant un week-end de juin et rassemble en tout et pour tout quatorze personnes sélectionnées par institut de sondage. Le magazine du ministère de la Recherche de juin donne déjà sa conclusion : " fine s'agit plus aujourd'hui d'être pour ou contre, mais de savoir pourquoi' et comment ". Ainsi, l'acceptation d'une technique nouvelle est presque une banalité. Et le génie technicien consiste justement (3) à produire la banalité la plus rassurante pour éviter toute réaction du citoyen.
Ingénieur
en gestion de l'environnement. Secrétaire national du Mouvement Ecologiste Indépendant
(MEI), 7, rue du Vertbois, 75003 Paris. Tél. 01 40 27 8 (Combat Nature de Mai 1999. BP N°3046, 24003-PERIGUEUX) (1) Louis Dumont. Homo aequalis 1. Genèse et épanouissement de l'idéologie économique. Gallimard, 1977. (2) Bruno Latour. La science en action. La Découverte, 1989 (3) Jacques Ellul. Le bluff technologique. Hachette, 1988. La technique ou l'enjeu du siècle. Armand Colin, 1954.
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