Maïs
contaminé
:
une nouvelle affaire d'OGM
SUD-OUEST du 21 juin 2000
: Après la récente affaire du colza, des contrôles révèlent
la présence d'OGM dans des variétés de maïs conventionnelles.
4800 hectares sont concernés en France, et surtout dans le Sud-Ouest.
Gilbert GARROUTY (Sud-Ouest)
Ce sont, semble-t-il, des contrôles de routine, dans un premier temps au
centre de dédouanement de Bordeaux-Bassens celui-ci, à vocation interrégionale,
reçoit des milliers de tonnes de maïs de diverses provenances- effectués par des agents
des services de la concurrence, de la consommation et de la répréssion des fraudes de la
Gironde qui ont révélé ceratins taux de présence d'OGM sur des variétés
conventionnelles, donc non génétiquement modifiées.
L'enquête effectuée depuis plusieurs mois, et surtout des analyses réalisées
à la demande de cette administration, semble confirmer la présence d'OGM, mais à
des taux inférieurs à 1%. Cela sous la forme des "évènements" (les résultats
des manipulations génétiques) BT 176 (d'origine Novartis, mais autorisé en France
et en Europe), BT11 (autorisé aux USA, mais pas en europe) et d'une troisième origine non identifiée.
Une piste en Gironde, Lot-et-Garonne...
Remontant une piste des OGM qui passe donc par la Gironde, le
Maine-et-Loire, les Pyrénées-Atlantiques, le Lotet-Garonne, les inspecteurs
paraissent avoir établi que 4800 hectares ont été ensemencés en maïs contenant des
OGM, fourni par la filiale d'une firme semencière américaine, et distribué par
plusieurs groupes coopératifs du Sid-Ouest (l'un est dans le Lot-et-Garonne et
l'autre dans les Pyrénées-Atlantiques).
Les distributeurs assurent avoir exigé toutes les garanties en matière d'absence
d'OGM.
Ce maïs OGM déguisé serait présent dans vingt trois départements et dans la
quasi-totalité de ceux du Sud-Ouest de la France, région dans laquelle le maïs est
très largement cultivé. Pour des départements comme le Gers qui, dans le domaine
avicole notamment, revendiquent le non-OGM, les conséquences économiques pourraient
être lourdes.
Le problème se pose surtout sur les variétés de maïs tardives, les plus productives
en matière de grain, mais qui exigent une "somme de chaleur" importante. Les
semenciers, au stade de la multiplication, préfèrent assurer, et faire réaliser
l'opération dans des pays présentant une durée d'ensoleillement assez longue.
Sur ce plan, les Etats Unis sont mieux placés que le Sud-Ouest de la France. Il y a donc
de fortes chances pour que toutes les variétés de maïs produites de l'autre côté
de l'Atlantique, en dépit des précautions d'isolement prises, contiennent des
traces d'OGM.
"Pollution" accidentelle
La
production de semences s'effectue dans un pays où les variétés génétiquement
modifiées représentent 76% des surfaces, et le pollen est facilement transporté par le
vent, les oiseaux, les papillons. Au stade actuel de l'enquête, il ne semble pas, en
effet, qu'il y ait eu fraude intentionnelle, mais plutôt "pollution"
accidentelle.
"Ce que l'on oublie, c'est que le maïs, en matière de semences,
c'est l'Amérique et les Etats Unis ", explique ce responsable pour la
France de la firme américaine. "Dans notre métier, il est impossible de
travailler sans la production de ce pays. Et pourquoi s'en prendre à nous qui sommes
nouveaux sur le marché européen des semences? Sur un marché européen de 600 000 doses (une dose : 50 000 grains. Il faut au moins 85 000 grains
par hectare) nous en représentons, au plus 30 000. Mais il est vrai que notre
groupe, le troisième semencier de maïs aux Etats unis, connaît en France et en Europe
une forte progression. Mais nos semences ne contiennent pas plus d'OGM que ceux des X
ou des Y beaucoup plus largement implantés que nous!.. "
Par ailleurs, il rage de constater que son entreprise est (pour l'instant) la
seule à faire des frais de contrôles sur les OGM (organismes génétiquement modifiés)
et il se demande si ce n'est pas là une conséquence des bons résultats commerciaux
obtenus.
Aussi, la firme en cause est loin d'accepter le verdict des analyses officielles,
soulignant "qu'elles n'avaient pas attendu les contrôles pour faire
procéder à des analyses ".
Une cinquantaine de lots ont ainsi été radioscopés par un laboratoire spécialisé,
Eurofin. Seuls, selon le responsable de la firme semencière, deux lots sont ressortis
positifs, mais avec des taux faibles de 0,13 et 0,70%.
Le seuil de 1%
Ce qui signifie que,
à partir de ce dossier, on va beaucoup discutter autour du seuil de 1% d'OGM. En
effet, alors que la réglementation officielle ignore les OGM, l'interprofession
semencière (SEPROMA) a opté pour un système de certification autorisant jusqu'à
1% d'organismes génétiquement modifiés.
La barre n'a-t-elle pas été placée un peu haut pour la semence? On discutte
actuellement à Bruxelles d'une norme d'OGM sur ces dernières. La question est,
en effet, tout à fait différente de celle qui se pose dans le domaine alimentaire pour
lequel les aliments contenant plus de 1% d'OGM doivent être étiquetés. Avec les
semences, c'est l'éventuelle dissémination dans la nature qui est en jeu,
ainsi que la pureté variétale elle-même.
Mais le constat pourrait bien être, sous peu, que les OGM sont déjà partout, et
qu'il sera bien difficile de revendiquer leur totale absence. Peut-être faudra-t-il
alors les admettre, à moins de décider leur destruction totale, à l'image des armes nucléaïres...
En encart :
L'avis de l'INRA
Jean Pierre Prunier, spécialiste des OGM à l'INRA,
constate que les semenciers admettent un pourcentage d'impuretés en matière de
graines, mais que, pour ce qui concerne les organismes génétiquement modifiés,
"le problème est nouveau ". Il remarque que la filière a pris des
précautions, et que le taux d'OGM ne dépasse pas le 1% (c'est aussi le seuil
qu'elle s'impose).
Jean Pierre Prunier estime cependant que le cas du maïs est différent de celui du
colza, dont la culture en version génétiquement modifiée est interdite. Il y a aussi,
selon lui, plusieurs cas de figure possible : "Au dessous de 1%
d'OGM, la variété n'est pas transgénique. Si c'est plus de 1% avec un
OGM autorisé, le maïs devra alors être etiqueté OGM. "
Le problème se corsera surtout lorsque la variété comportera plus de 1% d'OGM
non autorisé. Mais selon le chercheur de l'INRA, "la sanction risque
surtout d'être économique ".
Marché fermé en Europe
L'AGPM (Association Générale des Producteurs de Maïs) avait dernièrement
démenti l'affirmation de Greenpeace selon laquelle "15% des cultures de
maïs de l'Union européenne seraient contaminées par les organismes génétiquement
modifiés ". Elle rappelait cependant que douze variétés OGM sont autorisées
à la production en France, "mais que les producteurs français n'ont pas
semé de maïs OGM cette année ". "La loi autorise les OGM, mais le
marché les refuse ", ajoutait-elle.
SUD-OUEST du 21 juin 2000. Fax du Centre de documentation de
Sud-Ouest (70 francs) Rettappé à la main par la "sacrée Terre". Merci à
Véronique ROBERT pour sa vigilance.
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La multiplication du maïs transgénique
L'arrachage semble
compromis, la culture étant autorisée depuis 1997
Par CATHERINE COROLLER Le jeudi 22 juin 2000
José Bové, de la Confédération paysanne, a exigé
hier la destruction des
4800 hectares répartis dans 23 départements.
Les cas de contaminations accidentelles de cultures par les OGM
augmentent. Hier, la Direction générale de la consommation, de la
concurrence et de la répression des fraudes a confirmé l'information publiée
par le journal Sud-Ouest dans son édition d'hier : 4800 hectares auraient
été ensemencés avec du maïs contenant moins de 1% d'OGM «dans vingt-trois
départements français et dans la quasi-totalité de ceux du sud-ouest de la France,
région dans laquelle le maïs est très largement cultivé». Toujours d'après
Sud-Ouest, les semences en question auraient été fournies par la «filiale d'une firme
semencière américaine et distribuées par plusieurs groupes coopératifs du Sud-Ouest».
Le 18 mai, une affaire du même type avait secoué l'Europe. Le semencier
Advanta Seeds avait annoncé avoir commercialisé dans cinq pays des semences de colza
contaminées. Après mûre réflexion, le gouvernement français avait ordonné la
destruction des 600 hectares concernés. En fera-t-il autant pour ce maïs ?
Passeport. Hier, le ministère de l'Agriculture se refusait à tout
commentaire. L'AGPM, Association générale des producteurs de maïs, s'est en revanche
prononcée contre toute velléité d'arrachage, au motif que la
culture du maïs transgénique est autorisée en France depuis novembre 1997,
contrairement à celle du colza. Trois variétés de maïs génétiquement modifié ont
été suspendues par le Conseil d'Etat, le temps de vérifier la légalité des
procédures d'autorisation, mais douze disposent d'un passeport
parfaitement valide. Les agriculteurs et l'AGPM, prenant acte de la méfiance
des consommateurs envers les OGM, ont néanmoins décidé de ne pas les mettre en culture
pour l'instant.
Précédent. En ordonnant la destruction des 600 hectares de colza transgénique, le
ministère de l'Agriculture a toutefois créé un dangereux précédent. La
réglementation européenne ne reconnaissant pas, pour l'heure, la responsabilité civile
des semenciers, personne ne peut obliger Advanta ni la firme américaine qui a vendu les
semences de maïs contaminées à dédommager les agriculteurs pour la perte de récolte
suite à un éventuel arrachage. Pas plus que pour la perte de confiance des
consommateurs.
Hier, José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne, a exigé du
gouvernement français qu'il ordonne la destruction des 4800 hectares plantés de maïs
génétiquement modifié et qu'il revienne sur toutes les autorisations de mise en culture
de composants transgéniques accordées en 1997.
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NOVARTIS CÈDE A
LA PRESSION DES CONSOMMATEURS ET ARRÊTE LA PRODUCTION D'ALIMENTS TRANSGÉNIQUES
Paris, le 3 Août 2000 - Novartis, un des plus gros
producteurs mondiaux de semences génétiquement modifiées, a informé Greenpeace
qu'il n'utilisera plus d'ingrédients génétiquement modifiés pour la
fabrication de ses produits alimentaires. C'est la première compagnie multinationale à
s'engager à ne pas utiliser d'OGM dans l'alimentation à l'échelle
mondiale.
La lettre adressée à Greenpeace par le département Consumer Health de
Novartis confirme que, depuis le 30 juin 2000, la compagnie a cessé de produire pour ses
propres marques des aliments à base d'ingrédients génétiquement modifiés. La
production des barres de céréales Cereal Chocosoja a été
interrompue car il n'a pas été possible de garantir l'absence d'OGM.
Novartis a pris l'initiative d'abolir la pratique répandue des
double standards, qui consiste à vendre des aliments sans OGM aux consommateurs
européens et des aliments transgéniques et non étiquetés aux consommateurs
d'Amérique, d'Asie ou d'Afrique. Greenpeace se félicite de la décision de
Novartis d'accorder les mêmes droits à tous les consommateurs de la planète, en
leur permettant de se procurer des aliments sans OGM et demande aux autres fabricants
alimentaires de suivre cet exemple, a déclaré Arnaud Apoteker, responsable de
la campagne OGM de Greenpeace France.
Cependant, si Novartis s'est engagée à ne plus utiliser d'OGM pour ses
propres marques alimentaires, cette compagnie continue de produire et de vendre du maïs
Bt génétiquement modifiéaux agriculteurs et donc à contaminer
l'environnement et la chaine alimentaire. Bien que l'un des maïs Bt de
Novartis ait été interdit dans plusieurs pays européens en raison des risques pour
l'environnement et la santé humaine, la compagnie a jusqu'à présent refusé
de le retirer du marché.
L'attitude de Novartis est schizophrène. Elle devrait reconnaître les
risques environnementaux que font courir les produits agricoles génétiquement modifiés,
qui finiront d'une manière ou d'une autre dans nos assiettes. La seule position
cohérente consisterait à arrêter la production et la vente de semences génétiquement
modifiées, a ajouté Arnaud Apoteker.
Greenpeace appelle tous les fabricants d'aliments dans le monde à mettre fin à leurs
pratiques de double standard sur la vente d'aliments transgéniques. Des compagnies comme
Kellog's continuent en effet d'ignorer les exigences des consommateurs
nord-américains pour une alimentation garantie sans OGM, alors qu'elles ont donné
des garanties dans la plupart des pays européens.
Pour plus d'information, contacter : Arnaud Apoteker, Greenpeace France, tel 01
44 64 02 07 ou 06 07 57 31 60. Laurence Mermet, Greenpeace France, tel 01 44 64 02 14 ou
06 80 70 68 69
Sondage d'opinion sur les OGM
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GREENPEACE
PORTE PLAINTE CONTRE GOLDEN HARVEST, IMPORTATEUR DE SEMENCES TRANSGÉNIQUES INTERDITES
PARIS, le 3 août 2000 - Greenpeace vient de porter plainte
auprès du tribunal de grande instance de Pau contre la compagnie américaine semencière Golden
Harvest, responsable de l'importation et de la mise en culture de semences de maïs
prétendues conventionnelles. Celles-ci étaient en réalité contaminées par au moins
quatre variétés transgéniques.
En juin dernier, la presse relatait que près de 50000 hectares de maïs plantés dans
le Sud-ouest de la France, commercialisés par Golden Harvest, étaient contaminés
par des variétés transgéniques, dont certaines n'étaient pas autorisées. La
contamination des semences de maïs était connue depuis février, c'est-à-dire bien
avant la mise en culture. Selon Greenpeace cette compagnie a délibérément
commercialisé et disséminé dans l'environnement des OGM non autorisés qui risquent de
se retrouver dans la chaine alimentaire à l'insu et contre la volonté des
consommateurs. En outre, les maïsiculteurs clients de cette compagnie ont été abusés,
puisqu'ils n'ont pas été prévenus de la contamination de leurs semences, alors même
qu'ils avaient décidé de ne pas planter de maïs transgénique, afin de maintenir
l'image du maïs français. L'Association Générale des Producteurs de Maïs (AGPM) avait
communiqué abondamment sur l'absence d'OGM dans le maïs français.
" Cette dissémination constitue un coup de force contre les producteurs
français de maïs qui ont voulu préserver le maïs français du transgénique ",
a déclaré Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace France. "Golden
Harvest a trompé ses clients et voulu passer outre les réglementations européenne et
française en imposant des OGM non autorisés. Ce faisant, elle compromet la réputation
de qualité de tout le maïs du Sud-Ouest. Il est normal qu'elle réponde de ses actes.
Greenpeace France souhaite que l'instruction de cette affaire permette d'éclaircir de
nombreux points et oblige les autorités à assurer la traçabilité de ces OGM.
Puisqu'il est malheureusement trop tard pour détruire les champs impliqués avant la
floraison, il faut délimiter avec précision les parcelles de maïs contaminé afin que
celui-ci ne se retrouve pas dans la chaine alimentaire et les assiettes des
consommateurs. Il n'est pas acceptable d'imposer aux consommateurs un produit qu'ils
refusent.
Cette plainte doit servir à éviter à tout prix que cette dissémination sauvage ne
crée un précédent désastreux pour l'agriculture française. Déjà, les semenciers
tentent d'utiliser cette affaire à leur profit en demandant un seuil de contamination des
semences par les OGM, comme l'Union européenne en a défini pour les produits
alimentaires (10%). Mais les semences ne sont pas comparables aux produits
alimentaires. Ce sont des organismes vivants, qui se reproduisent et se multiplient.
Accepter un seuil de contamination des semences conventionnelles par des OGM, c'est
accepter la contamination progressive de toute l'agriculture et de notre environnement.
Nous devons nous battre contre cette nouvelle tentative des multinationales d'imposer
leurs OGM dont plus personne ne veut a conclu Arnaud Apoteker.
Pour plus d'information, contacter : Arnaud Apoteker, Greenpeace France, tel 01
44 64 02 07 ou 06 07 57 31 60. Laurence Mermet, Greenpeace France, tel 01 44 64 02 14 ou
06 80 70 68 69.
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(Libération du 3 août 2000)
Le gouvernement
sous haute suspicion
Il est coincé entre les lobbies et l'opinion.
Par CATHERINE COROLLER
«A force de parler d'un sujet, on le démystifie, il fait moins peur.»
Marie-José Nicoli, présidente de l'Union fédérale des consommateurs
Les consommateurs ne veulent pas des OGM (organismes génétiquement
modifiés), c'est sûr. La Commission européenne, elle, en veut, c'est sûr
aussi, puisqu'elle a annoncé le 13 juillet sa décision de relancer les
procédures d'autorisation de produits fabriqués à partir d'OGM ou en
contenant. Et le gouvernement français? Il tergiverse. D'un côté, il ne veut
pas se mettre les électeurs à dos à un an d'échéances électorales majeures.
Mais cette ambition est difficile à tenir. Certaines associations comme
Greenpeace, ayant fait de la lutte contre les OGM un cheval de bataille,
n'hésitent pas à en dramatiser les dangers afin de rallier les consommateurs
à leur cause. De l'autre, le gouvernement subit la pression de l'Europe et
des lobbies agricoles qui craignent de perdre des marchés. Il n'a par
ailleurs aucune envie d'être traîné une nouvelle fois devant l'Organisation
mondiale du commerce (OMC) par les Etats-Unis pour entrave au commerce. Et
il craint de rater le train du progrès. «La France veut se placer en tant
que grande nation agricole. Donc dans la course aux OGM. Sa volonté est de
rattraper son retard sur les Etats-Unis», explique la députée Marie-Hélène
Aubert (Verts, Eure-et-Loire). Pris entre ces deux forces contradictoires,
le gouvernement louvoie sans trancher. Au risque de paraitre tenir un cap
incertain aux yeux des consommateurs. Et de provoquer leur méfiance sur sa
capacité à gérer le dossier.
Le 21 juin, le quotidien Sud-Ouest révélait ainsi que la Direction générale
de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
(DGCCRF) a ouvert une enquête sur la possibilité que des OGM aient été
mélangés à des semences traditionnelles; 4 500 hectares auraient été ainsi
ensemencés dans 23 départements. Le gouvernement a admis avoir été au
courant dès février. Mais il n'en a rien dit. Dès lors, la question se pose
de savoir s'il va ordonner l'arrachage de ce maïs.
Les environnementalistes le réclame. Mais l'Association générale des
producteurs de maïs (AGPM), section spécialisée de la Fédération nationale
des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) s'y oppose. Le taux de
contamination étant inférieur à 1 %, l'AGPM juge qu'il s'agit de «traces
infimes qui ne présentent aucun danger pour la santé ou pour
l'environnement». Et en profite pour réclamer l'instauration d'un seuil de
tolérance de 1 %, ce qui permettrait de ne pas écarter les semences peu
contaminées.
Indemnisation. Pourtant, la logique voudrait que le gouvernement ordonne
l'arrachage. Connaissant l'hostilité de l'opinion publique aux OGM, il a
décidé un mois plus tôt la destruction de 600 hectares semés de colza
contaminé. Mais voilà, qui dit arrachage dit indemnisation des agriculteurs.
Or, le Parlement européen ne reconnaît pas pour l'heure la responsabilité
civile des semenciers. Et le gouvernement, qui ne sait déjà pas où il va
trouver l'argent pour compenser les 600 hectares de colza perdu, n'a pas
envie de se retrouver avec 4 500 autres hectares sur les bras. D'autant que
ce type de contaminations risque fort de se reproduire. Le 14 juillet,
Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat à la Consommation, annonce donc que le
«recours à la destruction a été écarté». Chez les environnementalistes,
c'est le tollé. «Cela démontre une volonté politique de mettre en place sans
débat des cultures d'OGM sur le territoire», s'indigne René Louail,
porte-parole de la Confédération paysanne.
Soupçon. Du coup, le soupçon gagne les anti-OGM: le gouvernement est-il en
train de céder aux lobbies de l'agriculture industrielle? Lorsque Marylise
Lebranchu annonce le 5 juillet, l'organisation à l'automne, par trois
associations de consommateurs mais sous sa houlette, d'une soixantaine de
débats «citoyens» sur le sujet, l'initiative suscite des interrogations.
D'autant que l'Union fédérale des consommateurs (UFC) qui avait été
sollicitée a refusé l'invitation. «Nous considérons que le débat a déjà eu
lieu», explique Marie-José Nicoli, sa présidente. Les 20 et 21 juin 1998,
l'Assemblée avait organisé une conférence sur le sujet. «Nous n'avons pas
bien compris pourquoi le gouvernement voulait un semblant de rediscussion»,
s'étonne la présidente de l'UFC. Sauf à le soupçonner d'arrière-pensées: «Je
crois que c'est pour que les gens s'habituent aux OGM. A force de parler
d'un sujet, on le démystifie, il fait moins peur», dit encore Marie-José
Nicoli. De là à penser que le gouvernement prépare le terrain pour les
plantes transgéniques, il n'y a qu'un pas. Que beaucoup d'associations ont
franchi.
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"Evènements"
génétiques autorisés et variétés qui en découlent
Jeudi 22 juin 2000, sur la liste du Collectif OGM-Danger, ce mail de Frederic
Prat, réagissant à l'article de Sud-Ouest :
1/ J'étais étonné de lire dans la presse que 12 variétés de
maïs
transgéniques sont autorisées, car le rapport CGB (Commission du Génie Biomoléculaire)
n'en recense que 4.
J'ai donc appelé la CGB, et je viens de comprendre :
Il faut faire la distinction entre "évènement génétique autorisé" (comme le
Bt 176 de Novartis, ou le Mon 810 de Monsanto), et les variétés qui
découlent de cet évènement génétique, qui peuvent être en nombre infini...
Au niveau officiel, les évènements génétiques sont autorisés par la CGB,
alors que les variétés qui en découlent le sont par le bureau des semences,
qui procède à l'inscription au catalogue officiel...
Quelqu'un aurait-il la liste de ces variétés ?
2/Par ailleurs, d'après l'article de Ouest France, il semble qu'un des
"évènements génétiques" n'ait pu être détecté à l'analyse : ne se
retrouve-t-on pas là dans le cas de figure que l'on avait annoncé, à savoir
que pour faire une analyse, il faut savoir ce que l'on cherche (et donc
connaître les promoteurs et autres repères qui permettent de dire si oui ou
non on a un OGM : or l'industriel qui fait un OGM pour le marché américain, non
autorisé en Europe, n'a pas forcément communiqué ces repères aux labos européens...)
3/ Enfin, la CGB annonce la sortie du rapport 99 courant été 2000 (je leur
ai rappelé qu'ils nous avait dit l'année dernière qu'ils essaieraient de
sortir le rapport courant premier trimestre 2000, mais M. Letode m'a dit
qu'ils étaient débordés : je veux bien le croire !)
A+ Fred
Frederic Prat - GEYSER
Rue haute - F- 34270 Claret - FRANCE
Tel +33 (0) 4 67 02 82 09 - Fax +33 (0) 4 67 02 81 59
Mél : frederic.prat(at)geyser.asso.fr
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Glandeur
comme un arracheur de maïs
Un article de Jean-Luc Porquet paru dans le
Canard Enchaîné du 19/7/2000.
SAUVAGEONS du transgénique, allez-y
franco ! Il vous est désormais possible d'in
troduire sans crainte (et bien sûr "" accidentel-
lement "" de nouvelles variétés interdites de
maïs génétiquement modifié sur le territoire
Français: le gouvernement Jospin vous don-
nera le feu vert. En refusant de faire arracher
les 4 500 hectares de mais contaminés plantés
dans le Sud-Ouest, il en fait l'éclatante dé-
monstration : le passage en force, ça finit tou-
jours par payer.
Certes. L'alerte avait été chaude fin mai,
lorsque des traces d'OGM avaient éte décou-
vertes dans les champs de colza et que Jospin
avait ordonné la destruction des 600 hectares
contaminés. On aurait pu croire alors qu'il
s'agissait pour lui d'une question de principe.
Et, un principe n'étant pas fait pour être res-
pecté un jour et bafoué le lendemain, il avait
décidé de s'y tenir. II n'en est heureusement
rien, et il ne faut désormais plus prendre au sé-
neux le moratoire européen concernant les
OGM que la France, respectueuse comme on
sait du principe de précaution. s'enorgueillis-
sait d'observer a l'instar des Quinze. Ouf !
Certes, et re-certes, la ministre de I'Envi-
ronnement, rappelez-moi son nom, Dominique
Voynet qui s'était prononcée pour l'arrachage
a tiqué, mais la preuve est faite qu'elle peut ti-
quer tout ce qu'elle veut, ça ne change rien.
Coïncidence amusante : Marylise Lebran-
chu, secrétaire d'Etat à la Consommation. char-
gée de rendre publique la décision du gouver-
nement le 14 juillet (joli symbole !), annonçait,
une semaine plus tôt, le lancement d'un grand
"" débat ciloyen "" à la rentrée sur les OGM. 66
forums ! Dans 42 départements! Pour "" ali-
menter la réflexion du gouvernement "" ! Du
coup, le débat-transgénique-qui-ne-sert-à-rien
(déjà vu lors du forum des citoyens voilà deux
ans) paraît pour ce qu'il est : une joyeuse farce.
La pollution génétique étant désormais bénie
des autorités, il ne restera plus aux firmes du
transgénique qu'à réussir leur ultime passage
en force en brevetant systématiquement le vé-
gétal, plantes, céréales, fruits, fleurs...
Et Jospin étant, comme vient de le dire Gui-
gou, un vrai "" défricheur d'avenir "", on peut
compter sur lui.
J.-L. P.

Merci à Michel Dussandier kralizec(at)ghanima.org
- http://www.ghanima.org/
Lorsqu'on a un marteau pour seul outil,
tous les problèmes commencent à ressembler
à des clous! (Abraham Maslow)
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Communiqué de la Confédération
Paysanne
Le gouvernement condamne paysans et
citoyens aux OGM :
la Confédération paysanne sera aux côtés des victimes.
Bagnolet, le 19 juillet 2000. Le gouvernement savait déjà
depuis décembre que des semences de maïs en principe non transgéniques, en provenance
des USA, étaient contaminées. En décidant de ne rien faire avant les semis, ce sont 4
800 ha de maïs pollué qui ont été semés dans 23 départements.
Malgré la prise de position de la Ministre de l'Environnement, le
gouvernement refuse d'assumer son erreur et d'ordonner la destruction de ces
hectares de maïs. La Confédération paysanne demande fermement au
gouvernement de stopper cette politique du laisser-aller et de pratiquer
rapidement la destruction des surfaces contaminées en veillant à ce que les
paysans soient indemnisés par les compagnies semencières qui les ont trompés.
A l'heure où paysans et citoyens sont massivement opposés à l'utilisation
des OGM, le gouvernement couvre la politique du fait accompli des grandes
firmes semencières pour diffuser à grande échelle et de façon tout à fait
illégale les plantes transgéniques.
En matière de semences, aucun seuil de tolérance n'est admis par la
réglementation européenne. Par conséquent, le seuil de 1 % qu'invoquent les
semenciers, avec la complicité de l'AGPM, n'est pas acceptable.
Aucun producteur ne peut garantir l'innocuité de ses cultures dans un tel
contexte et c'est bien toutes les cultures transgéniques qu'il faut
interdire avant que nous ne puissions plus revenir en arrière.
Aucune traçabilité sérieuse et efficace ne pourra être assurée à la récolte.
Dans le Sud-Ouest, c'est un handicap énorme pour l'image de la région et
pour maintenir des marchés particulièrement exigeants sur le " 0 % OGM ".
Les paysans en subiront les conséquences sur leur revenu par des prix à la
baisse. C'est inadmissible.
Pour éviter ce type de dérapage, la France doit appliquer le protocole de
Montréal et refuser les importations de semences en provenance de pays
pratiquant les technologies génétiques.
La Confédération paysanne sera aux côtés des producteurs victimes des
semenciers et de l'incompétence du gouvernement. Elle mettra en ouvre les
moyens juridiques nécessaires à leur défense.
Contacts : Patrice Vidieu. Tél : 05 65 38 60 99, René Louail.
Tél : 02 96 24 01 26
Sommaire de la
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L'Américain Francis
Fukuyama a soutenu que, « d'ici les deux prochaines générations, les biotechnologies
nous donneront les outils qui nous permettront d'accomplir ce que les spécialistes
d'ingénierie sociale n'ont pas réussi à faire. A ce stade, nous en aurons
définitivement terminé avec l'histoire humaine, parce que nous aurons aboli les êtres
humains en tant que tels. Alors commencera une nouvelle histoire, au-delà de l'humain
(4)
» ?
Depuis le clonage de la brebis Dolly, en février 1997, on sait que celui
de l'homme est à portée d'éprouvette. La science a dépassé la fiction dans la mesure
où elle fait plus fort que le « procédé Bokanosky », imaginé par Aldous Huxley dans Le
Meilleur des mondes. Car Dolly ne résulte d'aucune fécondation : son embryon a été
créé par simple fusion du noyau d'une cellule adulte avec l'ovule énucléé d'une
brebis porteuse. On a cloné, depuis, des souris à Hawaï, des moutons en
Nouvelle-Zélande et au Japon, des chèvres en Amérique du Nord, etc. Dès 1998, la revue
scientifique britannique The Lancet estimait que, malgré les mises en garde
morales et mondiales, la création d'êtres humains par clonage était devenue «
inévitable », et elle appelait la communauté médicale à « l'admettre dès
maintenant ».
C'est dans cet esprit que les médias ont annoncé la naissance d'une
nouvelle ère le 26 juin 2000, date du décryptage des quelque trois milliards de paires
de bases, enchaînées le long des vingt-trois chromosomes qui composent notre patrimoine
héréditaire. Cela va permettre le séquençage des gènes impliqués dans des maladies.
Potentiellement, les bénéfices pour l'humanité sont énormes, l'identification d'un
gène responsable d'une maladie héréditaire ouvrant la voie à la découverte d'un
possible traitement et à sa guérison.
Mais on est loin d'avoir pris l'exacte mesure des conséquences de cette
découverte, qui peut déboucher sur de dangereuses dérives. La génétique permet
désormais à l'homme de procéder, comme jamais, à « une appropriation sauvage du
monde, la version moderne de l'esclavagisme ou de la mise en coupe des ressources
naturelles, comme l'ont montré les entreprises coloniales (5)
». Car breveter des gènes revient à privatiser un patrimoine commun de
l'humanité. Et vendre l'information à l'industrie pharmaceutique - qui la réserverait
à quelques privilégiés - risque de transformer cette avancée scientifique majeure en
nouvelle source de discrimination (6).
De surcroît, l'ingénierie génétique préfigure un eugénisme de type
nouveau ouvrant sur une sorte de transhumanité. Ne voit-on pas là resurgir le fantasme
de l'« enfant parfait », sélectionné en fonction de l'excellence de son code
génétique ?
Nos sociétés osent à peine se l'avouer. Une indicible frayeur commence
à les hanter : l'espèce humaine va-t-elle faire l'objet d'un usinage en règle ? Avec
recours massif aux biotechnologies lourdes ? Pour fabriquer des Pokémon humains ou
transhumains ? Allons-nous vers une invasion des HGM : des hommes génétiquement
modifiés... ?
IGNACIO RAMONET (Le Monde Diplomatique)
Merci à Philippe Onda ponda(at)chpg.mc
pour sa contribution.
http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/RAMONET/pokemon.html
31
mai 2000 : Suite à l'accident d'Advanta Seeds, merci aux ministères d'appliquer la
loi du 13 juillet 1992 et de détruire avant floraison toutes les parcelles
expérimentales d'OGM, sans exception. Chacun peut aider les forces de l'ordre à arracher
ces mauvaises herbes. TS.
Colza, maïs, soja :
les OGM sont intenables!
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