Et
si le cosmos n'était pas infini? Une hypothèse dérangeante a surgi des
calculatrices la semaine dernière: le cosmos pourrait bien n'être qu'une
galerie de miroirs nous donnant l'illusion de l'infinité.
C'est le genre d'hypothèses
tellement énorme qu'elle nécessitera toutefois bien plus qu'une seule
première étude pour passer la rampe. Et bien plus qu'une seule étude
pour comprendre quelle forme a ce curieux Univers dans lequel nous
vivons.
Au centre du problème: des
observations de la sonde américaine WMAP (Wilkinson Microwave Anisotropy
Probe) dont la tâche est d'explorer le "bruit de fond" du cosmos -les
résidus de radiations du Big Bang. En théorie, les grumeaux dans cette
sauce cosmique, celle des premiers âges de l'Univers (à peine 380 000
ans après le Big Bang) doivent donner de précieuses indications sur les
débuts de l'Univers -et sur sa taille actuelle, si taille il y a.
Si l'Univers était infini, ces
grumeaux devraient être de toutes les tailles possibles et imaginables
-une infinité de tailles possibles, autrement dit. Or, ça ne semble
justement pas être le cas: dans l'univers des micro-ondes, sur de très
grandes échelles, les creux et les bosses des résidus du Big Bang
disparaissent presque entièrement.
Ce que cela peut signifier, c'est
que l'Univers ne serait tout simplement pas assez grand pour abriter les
"grumeaux" les plus gros, écrivent l'astrophysicien français
Jean-Paul Luminet et le mathématicien américain indépendant Jeffrey
Weeks dans la revue Nature. "Tout comme les vibrations ne peuvent
pas être plus grandes que la cloche elle-même."
Et leur supposition ne s'arrête pas
là, puisqu'ils vont jusqu'à supputer sur la forme que prendrait ce
"petit" cosmos. Une série de dodécaèdres (une surface formée de 12 pentagones, comme
sur les ballons de football), repliés sur eux-mêmes, ce qui signifie
qu'un vaisseau spatial ne risquerait jamais de heurter le "bord" du
cosmos. Il finirait par revenir à son point de départ, s'il voyageait
assez longtemps.
S'il en est ainsi pour un vaisseau
spatial, il en est également ainsi pour la lumière: la lumière émise par
une galaxie pourrait suivre deux routes différentes jusqu'à nous: nous
pourrions donc bel et bien voir deux images d'une même galaxie, à des
époques différentes de son évolution. Il y a toutefois peu de chances
pour qu'on puisse reconnaître une même galaxie à des époques si
éloignées de son évolution (un peu comme tenter de reconnaître un homme
de 50 ans à partir d'une photo de ce qu'il était à 3 ans). Par contre,
avancent les scientifiques, il serait peut-être possible de reconnaître
des tendances communes dans les creux et les bosses des micro-ondes
formant le bruit de fond cosmique.
Quelle taille aurait notre cosmos?
Peut-être 70 milliards d'années-lumière d'une "extrémité" à l'autre, ce
qui donnerait bien des choses à explorer, mais serait tout de même
considérablement plus petit qu'un cosmos infini. Assez petit pour qu'on
puisse en théorie en arriver à voir la totalité du cosmos, et éliminer
ainsi, du coup, quelques théories exotiques que traîne la physique
depuis longtemps: par exemple, la théorie d'une inflation chaotique -qui
dit que l'Univers croîtrait à des vitesses différentes suivant les
régions- et surtout la théorie d'une infinité de Terre avec une infinité
de nous-mêmes, ce que seul un Univers infini pourrait permettre...
S'ils ont raison, et le successeur
de la sonde WMAP, en 2007, permettra peut-être de le confirmer, c'est
une découverte majeure de l'histoire de l'astronomie, de la physique et
de la cosmologie... et une découverte aux conséquences... bibliques.
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