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Leur père est choqué. Deux
frères de 8 et 11 ans pourraient se voir prélever leur ADN, par la
gendarmerie, pour avoir volé deux tamagotschi et deux balles rebondissantes
dans un hypermarché du Nord, raconte Le Parisien, samedi 5 mai 2007. Les
échantillons seraient conservés dans le fichier national automatisé des
empreintes génétiques (Fnaeg).
Des gendarmes se sont rendus cette semaine au domicile familial. "Ils
venaient nous apporter une convocation pour vol dans la mesure où le magasin
a porté plainte, explique le père au Parisien. Ils ont expliqué à mon fils
aîné qu'il serait photographié, qu'on lui prendrait ses empreintes digitales
et aussi ses empreintes génétiques, ajoutant même que mon fils ne pourra pas
forcément faire le métier qu'il veut plus tard car il sera fiché !"
Comme beaucoup de Français, le père pensait que le fichage génétique était
réservé aux délinquant sexuels, et aux adultes. Pour surprenant que cela
puisse paraitre, il n'en n'est rien, précise Le Parisien. La loi ne prévoit
ainsi pas d'âge minimum, rappelle le quotidien.
ELARGISSEMENT CROISSANT DU FICHAGE DEPUIS 2003
Depuis la loi Sarkozy sur la sécurité intérieure de 2003, une centaine de
délits obligent à se soumettre au prélèvement génétique. Limitée, à
l'origine, aux infractions sexuelles, la législation concerne aujourd'hui
les meurtres et les cambriolages, les vols simples, les tags ou les
dégradations. Il concerne désormais les personnes condamnées mais aussi les
simples suspects. |
Depuis l'entrée en vigueur de ces
dispositions, le Fnaeg explose. De 2003 à 2006, le nombre de profils
enregistrés est passé de 2 807 à plus de 330 000. Bien que ce système ait
permis d'élucider plus de 5 000 affaires, ceux qui s'opposent aux
prélèvements dénoncent l'instauration d'un "répertoire de masse". Les refus
de prélèvements génétiques pour des petits délits se multiplient, entraînant
des procès.
"CE N'EST PAS DU BÉTAIL QUE L'ON DOIT MARQUER AU FER"
Le père des auteurs du larcin s'opposera au fichage génétique de ses
enfants, le cas échéant, malgré les lourdes sanctions prévues pour les
contrevenants : jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende.
"Ce n'est pas du bétail que l'on doit marquer au fer, plaide-t-il dans Le
Parisien. Les parents des deux chapardeurs les ont punis et sermonnés et se
réjouissaient initialement du passage des gendarmes et de ses vertus
pédagogiques.
"Cette situation met en lumière les dérives possibles de l'utilisation
abusive du fichage génétique", réagit Josiane Bigot, magistrat et président
du Réseau pour l'accès au(x) droit(s) des enfants et des jeunes, dans Le
Parisien.
Le père et les deux fils étaient convoqués samedi après-midi à la
gandermerie pour "audition des enfants"
Le Monde.fr
LEMONDE.FR | 05.05.07
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