Vos réactions
Bonjour,
Félicitations pour ce travail si approfondie de Dominique Guillet... mettant en évidence l'avancée du désert sur terre, avec toutes les dérives que cela occasionnent... ce travail si bien élaboré, devrait être traduit dans de multiples langues et envoyer, pétition à l'appui, aux différents dirigeants, pour leur faire prendre conscience, qu'il est peut-être temps de faire quelque chose, dans l'immédiat pour la planète... malheureusement il est à craindre qu'ils ont pour la plupart ...déjà..."les portugaises... ensablées"
nous
sommes en tant qu'être humain moins qu'un grain de sable nous sommes nés
poussière et y retournons tout droit !
précis et hallucinant !
Pour répondre à ce long et
très intéressant article de D.Guillet, je dirai que
La lecture de ce texte me remue la tripe en ce dimanche de second tour. J'en savais quelques unes des conséquences des actes humains sur ses frères mais Dominique Guillet re-pointe du doigt l'inconséquence de l'homme si on peut encore l'appeler comme ça. En un mot c'est le sentiment de colère qui re-naît. Merci de m'aider à ne pas m'engluer dans mon confort.
Bonjour, Vous y avez mis le paquet mais l enjeu est de taille!!! Bravo pour votre courage de mettre les pendules a l heure! Pendant que les masses s étourdissent, peut-être même s abrutissent en consommant des plaisirs de plus en plus futiles notre planète terre est en train de succomber a la cupidité du genre humain. Si je n avais pas une approche spirituelle de la vie je pourrais sombrer dans le noir. Et pourtant il faut continuer a croire qu il y aura des jours meilleurs. La lecture de ce texte approfondi me bouleverse: nous en sommes arrives a cette extrémité! Merci de m aider a grandir et a me rendre plus responsable. Francoise Partoll
votre superbe texte m'a mise K.O, l' esprit très soucieux et le mental à plat, c' est comme cela que je viens vous remercier pour toute la franchise et l' honnêteté que vous avez mises dans votre écrit ! que pouvez-vous dire de plus, de mieux si les humains ne se décident pas à maintenir leurs yeux grand' ouverts et leur estomac sérieusement rééquilibré afin que bien d' autres puissent " enfin " manger et boire " un peu " ! quelle honte pour nous tous, responsables de l' avenir de tous, nous avons commis espérons, non pas l' irréparable mais des erreurs à solutionner le mieux possible, où est passé le respect car par le respect de l'eau, de l' air, de la terre, c' est le respect de l' animal et du végétal qui imprime le respect de l' homme à l' homme... quelqu' un a-t-il compris sur cette terre ???
il faut que chacun d' entre nous relève les manches, surveille tout ce qui se passe autour de lui et en lui et peut-être gagnera-t-on une vie, un futur sains pour nos enfants ! Marie Aubrée. Amnéville, Moselle, France.
Cela fait longtemps que cet
avenir se profile et il n'y a pas besoin
Les paysans n'ont-ils pas été de tous temps la chair à canon des
guerres, les vaches à lait des rois, empereurs, dictateurs, fainéants,
religieux et fous de tous acabits, au travers des impôts et taxes
écrasants, parfois mortels, ne leur laissant pas de quoi manger, alors
Les anciens se transmettaient la connaissance de la terre, les bons
coins, les sources, les plantes à cultiver en fonction de la nature des
terrains. Maintenant c'est tout, partout, et la terre, n'étant qu'un
support devrait s'adapter aux caprices des hommes ? Et si elle devient
Les gens ont peur de ne plus pouvoir se payer le 4x4 ou le graveur de
DVD de salon ou les vacances à la neige ou aux Seychelles, peur de
devoir se déplacer de nouveau à pied (j'ai parfois l'impression que les
gens ont oublié le rôle de leur jambes, plus : accélérer au feu vert
pour être le premier au prochain feu rouge, que faire plus de 50 mètres
sans moyen mécanique. Il n'y a qu'à voir le stationnement sauvage devant
n'importe quelle école pour s'en convaincre, des fois que nos chers
petits se fatigueraient à faire 200 mètres à pied, ou plutôt, nous en
voudraient de les avoir obligé à le faire).
Les gens ont peur de devoir de nouveau vivre en société, comme il y a
1/2 siècle, en se côtoyant, en étant solidaire (autrement que par le
téléthon pour se donner bonne conscience et pallier aux manquements de
notre gouvernement), en "affrontant" le regard des voisins,autrement Quand on a vu Bush, "premier homme" de la première puissance mondiale, invoquer l'aide de Dieu, au moment de bombarder l'Iraq !!!
Cela devrait
être risible mais c'est plutôt inquiétant, cela prouve la crétinerie et,
Si la presse était libre, on verrait moins de reportage sur les
israéliens qui ont attaqué les palestiniens en représailles de leurs
Il y a un siècle, environ, après des siècles, voire des millénaires de
souffrance et de dictât, après un peu plus d'un siècle de naissance de
démocratie, la France réussissait à séparer la religion
Cela fait longtemps que je dis que l'Homme scie la branche sur laquelle
il est assis, mais c'est pire : il scie l'arbre qui porte la branche. Il
faut que notre espèce disparaisse rapidement pour laisser la possibilité
à la planète de reprendre son rythme. |
Le 3 mai 2007 :
Alors que quelques pantins s'agitent frénétiquement dans l'arène électorale, l'arène véritable (au sens latin du terme: "arena", "sable") recouvre inexorablement la terre de son linceul stérile. Les démagogues, de tous bords, promettent toujours plus de croissance: plus de salaires, plus de vacances, plus de travail, plus de consommation et bien sûr, plus de sécurité contre un ennemi inexistant.
Le seul terrorisme est alimentaire et ce
sont eux qui l'ont mis en place avec leurs complices des multinationales.
La Planète se meurt d'extraction, se meurt
de combustion. La Planète Terre commence à régler ses comptes avec
l'humanité: à force de soustractions, c'est maintenant l'addition qu'elle
présente!
Terrien, sors de ton rêve! La Planète Terre
s'enlise, s'ensable, se désertifie. Serait-ce que la Planète "déserte"
l'humanité? Le mot "désert" vient du latin "desertus", de "deserere" qui
signifie "abandonner".
Dune: le destin de la Planète Terre?
En 1957, le journaliste Frank Herbert est
envoyé à Florence dans l'Oregon aux USA afin d'écrire un reportage sur un
projet gouvernemental de lutte contre les dunes de sable par l'élaboration
de barrières végétales. Il en repartit fasciné par l'écologie et les dunes
de sable.
En 1965, Frank Herbert, devint l'un des
grands maîtres de l'écologie-fiction et de la science-fiction en publiant
le premier ouvrage de son épopée grandiose connue sous le nom de "Cycle
de Dune". Frank Herbert avait-il pressenti le destin inéluctable de
notre planète? Peut-on considérer Dune comme une allégorie?
Quels sont les facteurs limitants de
l'écosystème planétaire de Dune qui le sont également dans le nôtre ou qui
pourraient le devenir à très court terme?
- Les vents de sables se déchaînent sur
Dune à 700 km/heure.
- Des vers gigantesques partagent la
maîtrise de cette planète avec les Fremen ( "Free Men" / Hommes Libres).
Ils font plusieurs centaines de mètres de longueur et sont source de
l'Epice.
- Dune est une planète-désert. Le sable
recouvre tout.
- Dune est une planète sans eau: toute eau
est recyclée, y compris l'urine, la transpiration et même "l'eau" des
défunts.
Tempêtes d'humus, Tempêtes de sable
En 1932, le "Dust Bowl" frappa les grandes
plaines du sud des USA et s'installa pour une dizaine d'années. Les
grandes tempêtes de sable (de parfois 3000 mètres d'épaisseur) apportèrent
ruine et dévastation: elles furent au nombre de 70 en 1933, 73 en 1936 et
134 durant les 9 premiers mois de 1937. Le 9 mai 1934, une tempête de
sable partit du Montana et du Wyoming et emmena dans son sillage 318
millions de tonnes de sol. L'année 1938 vit la perte de près d'un milliard
de tonnes de sol. En mars 1939, une tempête de sable de l'Oklahoma
embarqua une quantité de sol suffisante pour recouvrir d'une épaisseur de
30 cm une surface de 2,5 millions d'hectares (le dixième de la surface
agricole de la France).
Les dunes de sable envahirent les champs,
faisant parfois 500 mètres de longueur et 7 mètres de hauteur.
L'agriculture fut anéantie: 30 millions d'hectares furent abandonnés. Ce
fut l'exode pour 3,5 millions de citoyens US.
Durant cette période, de nombreux
cataclysmes naturels aggravèrent le cycle de vents de sable et de
sécheresse: orages de grêle, températures extrêmes, électricité statique,
inondations.
Selon les experts en paléoclimatologie, qui
ont étudié les cycles de sécheresse sur 2000 ans aux USA, les périodes de
sécheresse du 20 ème siècle sont loin d'avoir été les plus sévères de
l'histoire de cette partie du continent.
Pourquoi le "Dust Bowl" fut-il alors si
dramatique? Tout simplement parce que cette région des USA n'aurait jamais
due être labourée! Pendant des milliers d'années, ces vastes étendues
d'herbes semi-arides ont été balayées par les vents et sujettes à des
cycles de sécheresse pouvant durer de 25 ans à 70 ans! Et pourtant, les
colons avaient été prévenus par les Amérindiens qui leur conseillaient de
ne pas ouvrir les terres de leur charrue et surtout de ne pas toucher à
l'herbe.
La leçon du "Dust Bowl" fut-elle apprise?
Pas du tout. La seconde guerre mondiale fit monter les cours agricoles et
les agriculteurs recommencèrent à labourer des terres marginales. Les
tempêtes de sable revinrent de 1954 à 1957 et la dévastation s'étendit sur
deux fois plus de terres que lors des années 30. Dans les années 1970, les
USA vendirent du blé à l'URSS et les cours flambèrent. Les agriculteurs
mirent les bouchées doubles (et les charrues quadruples) et les tempêtes
de sable revinrent.
La leçon du "Dust Bowl" ne servit pas plus
aux agriculteurs du Kazakhstan. De 1960 à 1980, ils détruisirent les
prairies pour les remplacer par de la culture de blé sur 26 millions
d'hectares: l'équivalent de la surface en blé cumulée du Canada et de
l'Australie! Dès 1980, l'érosion terrible par le vent remettait en cause
la viabilité économique des fermes suite à une baisse drastique de
productivité. En 2000, la surface en blé couvrait moins de 13 millions
d'hectares avec des rendements de l'ordre d'1 tonne par hectare! En
l'espace de 20 années, donc, le Kazakhstan a abandonné la culture du blé
sur une surface agricole équivalente à la surface en blé du Canada.
Combien de millénaires seront nécessaires pour régénérer ces sols détruits
par l'érosion éolienne?
L'érosion éolienne peut également se
manifester par des transits inter-continentaux. Tout comme le nuage de
Tchernobyl ne fut pas arrêté par la frontière suisse (c'est d'ailleurs un
certain Mr. Nicolas Sarkosy qui était chargé de mission pour la lutte
contre les risques chimiques et radiologiques à cette époque), les
tempêtes de sable ne reconnaissent aucune frontière et exportent de la
matière première précieuse sans qu'aucun droit de douane ne soit perçu.
En avril 2001, une "tempête de sol" de
1800 km d'amplitude s'envola de Chine (transportant des millions de tonnes
de sol) pour venir atterrir en Amérique du nord: elle recouvrit de son
manteau toute la partie ouest, de l'Arizona au Canada.
La Corée du sud est, elle-aussi,
périodiquement paralysée par d'immenses tempêtes de sable en provenance de
la Chine. Fin avril 2007, une telle tempête frappa le pays. Le 1er avril
2007, une autre tempête de sable arriva du désert de Kubuqi, le septième
désert de Chine et sema le chaos dans la péninsule Coréenne. Ces tempêtes
sont d'autant plus dramatiques qu'elles véhiculent également une grande
quantité de polluants, issus des industries de l'est de la Chine, qui
engendrent des maladies respiratoires et cutanées et qui déséquilibrent
les activités agricoles.
Le désert de Kubuqi, en Mongolie
intérieure, n'est un désert que depuis 30 années: c'était auparavant une
zone de verts pâturages pour les Mongols et leurs troupeaux.
La Chine livre une bataille, qui est perdue
d'avance sans doute, contre l'avancée des déserts, les anciens et les
nouveaux qui se créent. Selon Wang Tao, de l'Académie Nationale des
Sciences de Chine, ce sont 24 000 villages recouverts par les sables, qui
ont été abandonnés, totalement ou partiellement, durant la seconde moitié
du siècle passé. De 1950 à 1975, la Chine perdait chaque année 175 000
hectares. Entre 1975 et 1987, la désertification s'empara de 200 000
hectares par année. De 1987 à 2000, la désertification s'empara de 300 000
hectares par année. A ce rythme là, la Chine perdra 400 000 hectares de
terre par année à partir de 2012.
En Chine, les tempêtes de sable s'aggravent
en précocité dans la saison, en intensité et en nombre, au fil des années.
Elles sont devenues une des principales calamités de ce pays. En 2006,
elles affectèrent la qualité de l'air dans la moitié des grandes cités
chinoises. Elles couvrirent 4 millions de kilomètres carrés, le double de
la surface de l'année précédente.
Le 20 avril 2006, une tempête recouvrit la
capitale chinoise de 300 000 tonnes de sable et de poussière.
Cette année, au Tibet, les tempêtes de
sable arrivent avec deux mois d'avance sur la saison normale.
Au vu des méfaits sans cesse croissants de
l'agriculture industrielle et militarisée, au vu des bouleversements
climatiques (quelles qu'en soient les causes), l'érosion éolienne va
s'intensifier en Afrique et en Asie et va revenir en Amérique du nord.
Les tempêtes d'humus ne sont plus trop à
craindre sur certains continents car une grande partie de l'humus est déjà
au fond des océans, grâce aux pratiques barbares de l'agriculture moderne.
Ce sont les tempêtes de sable qui vont devenir une des plus grandes
calamités de notre planète. Demain.
La planète abandonnée aux déserts
Selon le Professeur Pimentel, de 1956 à
1996, ce sont 1,5 milliard d'hectares de terre arable qui ont été
abandonnés en raison de l'érosion. Cela représente un tiers des surfaces
arables de la planète.
Au cours des 20 dernières années, environ
300 millions d'hectares (six fois la surface de la France) de forêt
tropicales, ont été détruits pour implanter des domaines fermiers et des
pâturages ou des plantations à grande échelle d'huile de palme, de
caoutchouc, de soja, de canne à sucre et autres récoltes.
A l'échelle planétaire, ce sont 1370
hectares de sol qui sont désertifiés à jamais toutes les heures, ce qui
fait 12 millions d'hectares chaque année, l'équivalent de la moitié de la
surface agricole de la France.
En Inde, par exemple, ce sont 2,5 millions
d'hectares qui sont désertifiés chaque année. Vers 2000, on estimait à 150
millions d'hectares la surface agricole de ce pays. Cela signifie qu'en
2060, il ne restera plus un gramme de terre arable en Inde. En fait, un
scénario plus catastrophique peut se profiler si le processus de
désertification s'emballe, en raison des bouleversements climatiques:
accroissement des températures, sécheresses et disparition des glaciers de
l'Himalaya.
A l'échelle planétaire, quelle est la
quantité exacte de sol perdu chaque année en raison de l'érosion éolienne
et hydrique? Les estimations les plus basses sont de l'ordre de 25
milliards de tonnes de sol par année. Selon les estimations les plus
hautes, ce sont 2400 tonnes de sol, chaque seconde, qui partent
dans le vent ou dans les océans, à savoir 76 milliards de tonnes de sol
chaque année.
Les estimations hautes nous semblent
beaucoup plus probables car chaque année Costa Rica perd 1 milliard de
tonnes de sols, l'Ile de Java en perd un milliard, l'Ethiopie en perd un
milliard, etc, etc.
Dans ses écrits, John Jeavons a évoqué la
perte de sol en relation avec la production de nourriture: pour chaque
tonne de nourriture produite, ce sont de 6 à 18 tonnes de sol qui sont
irrémédiablement perdues.
Un occidental consomme à peu près une tonne
de nourriture par an. Dans certains pays, la quantité consommée par
personne est de moitié. Dans d'autres régions, ou selon les populations ou
les couches sociales, la quantité de nourriture consommée tend vers le
zéro, ce qui "explique" le fait que 36 000 personnes meurent de faim
tous les jours.
En Chine, l'érosion serait maximale puisque
le chiffre de 18 tonnes de sol perdues, par tonne de nourriture produite,
est avancé. Les chiffres officiels évoquent la perte de 5 milliards de
tonnes de sol chaque année dans ce pays. C'est une estimation strictement
a minima. Selon les images de satellite, les déserts du Taklimakan et du
Kumtag sont en train de fusionner. Il en est de même pour deux déserts du
centre nord qui sont en train de s'étendre sur les provinces du Gansu et
de la Mongolie.
En Iran, selon Mohammad Jarian, le
responsable du département de lutte contre la désertification, ce sont 124
villages de la région de Sistan-Baluchistan qui ont été ensevelis en 2002
et abandonnés.
Dans le nord-ouest de l'Afghanistan, des
dunes de sable de 15 mètres de hauteur envahissent tout et y compris les
routes.
Au Nigeria, ce sont 350 000 hectares qui
sont désertifiés chaque année, autant qu'en Chine. De 1950 à 2005, la
population humaine y est passée de 33 millions à 132 millions tandis que
le nombre de vaches, moutons et chèvres passait de 6 millions à 66
millions.
De nombreux pays d'Afrique sont désertifiés
très rapidement en raison de différents facteurs: pratiques agricoles non
durables, surpâturage et errance des troupeaux, feux de brousse et le
commerce du charbon de bois à destination des citadins de plus en plus
nombreux.
Madagascar perd jusqu'à 400 tonnes de sol
par année et par hectare.
Au Mexique, la désertification chasse 700
000 paysans tous les ans vers les cités ou vers les USA.
Quant à l'Australie, parler de catastrophe
n'est tout au plus qu'un euphémisme. Ce pays se prépare à sa septième
année consécutive de sécheresse. L'Australie sera sans doute le premier
pays dit "occidental" à être ruiné par les processus de salinisation et de
désertification: certaines terres Australiennes ont des concentrations de
sel trois fois supérieures à celles de l'océan.
Il aura fallu à la société occidentale un
siècle et demi d'agriculture et d'élevage intensifs pour transformer
l'Australie en un désert. Fast-food and fast-destruction! Faut-il vous
l'emballer ou est-ce pour "consumer" de suite?
Un record que même les USA n'ont pas réussi
à battre: ils n'ont perdu, en 150 ans de colonialisme, que 75 % de leur
humus! C'est 1m50 (150 cm) d'humus qui est parti à tout jamais dans
les océans. En région tempérée, il faut 500 ans pour produire
naturellement 2,5 cm d'humus. Cela veut dire qu'il faudra à la nature
30 000 années pour régénérer ce patrimoine humique aux USA.
Eu Europe, le taux moyen d'érosion du sol
est de 17 tonnes par hectare et par année alors que le taux moyen de
formation du sol est d'1 tonne par hectare et par année.
En France, par exemple, selon la Chambre
d'Agriculture du Pas de Calais, les agriculteurs de ce département perdent
entre 10 et 100 tonnes par hectare et par année.
Lorsque l'érosion est de 100 tonnes de sol
par hectare et par an, cela signifie qu'il faut 100 ans pour réparer 1
année d'agriculture intensive betteravière et qu'il faut 2000 ans pour
réparer 20 années d'agriculture intensive betteravière.
A l'érosion s'ajoute la destruction des
sols brûlés par l'agriculture toxique. Ne nous méprenons pas: de
nombreuses régions Françaises ne sont peut-être pas des déserts de sable
mais elles sont des déserts en gestation. Que se passerait-il si,
aujourd'hui, on interdisait en agriculture tous les intrants de synthèse
et tous les pesticides?
Les terres sont devenues stériles: les
automnes seraient sans récolte.
L'agriculture occidentale moderne est une
agriculture hors-sol produisant des aliments-poisons. C'est une
agriculture militarisée qui bombarde le sol de tout un arsenal de produits
toxiques.
Qui se rappelle que l'année 2006, en
fait l'année passée, fut déclarée par l'ONU "Année internationale des
déserts et de la désertification"?
Qui connaît l'existence, au sein de l'ONU,
d'une commission chargée de la lutte contre la désertification? Peu de
gens sans doute et c'est tout aussi bien car cette commission n'a aucun
moyen financier! Un léger brise-vent (de sable) tout au plus.
En 2050, que verra-t-on de la Planète Terre
à partir du cosmos: de grands déserts entourés de quelques océans, une
petite boule jaune et bleue. Le vert aura disparu. Après-demain.
Pénurie d'eau
Il existe une "Journée Mondiale de l'Eau"
comme il existe une journée mondiale des femmes, une journée mondiale de
l'enfance et peut-être bientôt une journée mondiale de l'humus ou une
journée mondiale des vers de terre!
C'est l'occasion, pour tous les hypocrites,
de lâcher quelques larmes de crocodiles sur le sort des femmes, sur le
sort de l'eau, sur le sort des enfants, bref sur le sort de tous les
opprimés.
Cette année, le thème de cette journée
mondiale de l'eau était "Faire face à la pénurie d'eau". La pénurie va
bientôt conférer à cette nouvelle opprimée le statut d'eau primée. L'eau
bientôt plus chère que le pétrole ( ce qui va ruiner tous les espoirs des
inventeurs de moteurs à eau) ou plus chère que le vin ( ce qui va aggraver
les dégâts de l'alcoolisme)?
Bref, selon la FAO, la pénurie en eau
représente l'enjeu du 21ème siècle. "L'enjeu réside essentiellement
dans la nécessité de trouver des moyens plus efficaces de conserver,
d'utiliser et de protéger les ressources en eau de la terre."
Cela ne fait que quelques dizaines d'années
que l'on entend ce type de discours creux.
Aujourd'hui, et cela ne date pas d'hier, ce
sont 2,6 milliards d'humains qui sont sans assainissement, et ce sont 1,3
milliards d'humains qui sont sans accès à l'eau potable. Tous les ans, 2
millions d'enfants de moins de cinq ans meurent de maladies diarrhéiques
liées au manque d'eau potable.
Parlons d'argent et évoquons quelques
chiffres. Il existe un "Fonds pour l'environnement mondial" (FEM) qui
comme l'ONU le déclare "a été établi en 1990 dans le but de fournir des
ressources financières supplémentaires pour traiter les questions
environnementales mondiales des pays en développement et des économies en
transition". Ce fonds ne dispose que de 2 milliards de dollars par an,
pour toute la planète.
Il faudrait, par exemple, investir 1,5
milliard de dollars pendant 10 ans pour que les 300 millions d'Africains,
qui n'ont pas d'eau potable, puissent y accéder et pour que 80% d'entre
eux puissent accéder à l'assainissement.
En comparaison, tous les ans, les pays
occidentaux subventionnent leur agriculture à hauteur de 350 milliards de
dollars. Et tous les ans, les dépenses militaires mondiales sont de
l'ordre de 900 milliards de dollars.
Il faut se rendre à l'évidence: la
communauté internationale a décidé de laisser mourir de soif, ou de
maladies liées à des eaux souillées, toute une partie de l'humanité.
Les voeux pieux et les discours
pleurnichards des institutions internationales ne sont que des paravents.
Et cela se comprend. C'est une question
de survie pour les nantis. C'est une question de survie pour leur
agriculture moderne qui consomme quasiment 90 % de l'eau douce de toute la
planète.
Le choix est simple: ou on donne de
l'eau à toute l'humanité ou on tente de faire perdurer l'agriculture
moderne non durable. Les nantis qui contrôlent la planète ont décidé de
privilégier l'agriculture des riches.
L'agriculture moderne non seulement
désertifie les sols, non seulement empoisonne les humains et les animaux
mais en plus, elle épuise les réserves d'eau douce.
Les variétés modernes de maïs sont la
quintessence de ce délire agricole. Un hectare de maïs requiert, aux USA,
au moins 5 millions de litres d'eau mais en raison de l'évaporation, ce
sont 8 millions de litres d'eau qu'il faut amener par hectare. Ce qui fait
1000 litres d'eau par kilo de maïs produit, et encore ce n'est qu'une
moyenne car certaines études évoquent jusqu'à 1500 litres d'eau par kilo
de maïs.
Il faut bien préciser que ce gâchiséhonté de l'eau douce pour la culture du maïs n'est pas lié à la nature du
maïs qui est une plante C4, à savoir une plante résistante à la
sécheresse. Les variétés de maïs traditionnelles pouvaient croitre dans
les déserts du Mexique ou de l'Arizona. Les Hopis, par exemple, semaient
leur maïs à 30 ou 40 cm de profondeur dans le sable du désert avec des
bâtons à semer. C'est l'agronomie moderne qui a fait du maïs une pompe à
eau. Et comme les réserves d'eau sont en train de baisser sur toute la
planète, les apprentis-sorciers du bricolage génétique nous promettent de
nouvelles variétés de maïs chimériques résistantes à la sécheresse. La
boucle est bouclée.
Le maïs constitue en France la principale
culture irriguée et ce surtout dans le sud-ouest. Mais elle n'est pas la
seule: le blé, la betterave, la vigne, la prairie, etc, sont également
irrigués.
Voici quelques estimations, quant à la
quantité d'eau nécessaire pour l'agriculture US, données par le très
réputé Professeur Pimentel, de l'Université de Cornell, dans son ouvrage:
" Ecological Integrity: Integrating Environment, Conservation and
Health" (Island Press, Washington DC, 2001).
Pour 1 kilo de pommes de terre: 500 litres
d'eau
Pour 1 kilo de blé: 900 litres d'eau
Pour 1 kilo de fourrage: 1000 litres d'eau
Pour 1 kilo de maïs: 1500 litres d'eau
Pour 1 kilo de riz: 1900 litres d'eau
Pour 1 kilo de soja: 2000 litres d'eau
Pour 1 kilo de viande de boeuf: 100 300
litres d'eau
Dans le catalogue des folies agricoles
irriguées, la production de viande détient ainsi la palme de la
non-durabilité et du gâchis.
La consommation de viande, au niveau
planétaire, rappelons-le, est passée de 44 millions de tonnes en 1950 à
265 millions de tonnes en 2005. Et cette tendance ne fait que s'amplifier.
La quantité d'eau utilisée par kilo de
viande diverge en fonction des études.
Selon Georg Borgstrom, de l'Université du
Michigan, il faut "seulement" 21 000 litres d'eau pour produire 1 kilo de
viande de boeuf.
Selon l'Université de Californie, il faut
44 000 litres d'eau pour produire 1 kilo de viande de boeuf, 13 700
litres d'eau pour produire 1 kilo de viande porc et 6 800 litres d'eau
pour produire 1 kilo de viande de poulet.
Une étude publiée par une commission des
Nations Unies en 2004 rapporte le chiffre de 70 000 litres d'eau par kilo
de viande de boeuf.
Ce chiffre n'est pas très éloigné de celui
du Professeur David Pimentel dont les calculs sont fondés sur la
nourriture moyenne d'un boeuf aux USA, à savoir 100 kilos de fourrage et 4
kilos de grain par kilo de viande produite.
Aux USA, 65 % des productions agricoles
sont destinées à nourrir le bétail (contre 1 % en Inde!).
Sur le plan mondial, la production de
grains est de 1985 millions de tonnes dont 60 % sont consommés par
l'homme, 36 % sont utilisés comme aliment pour le bétail et 3 % sont
brûlés comme fuel.
Si on raisonne en termes de calories, il
faut 50 fois plus d'eau pour produire une calorie de viande qu'une calorie
de pomme de terre.
Raisonnons maintenant en termes de douche.
Admettons que l'on prenne tous les jours une douche de 5 minutes à raison
d'un flux de 18 litres d'eau par minute. Quel est l'équivalent d'un kilo
de viande de boeuf, selon les calculs du Professeur Pimentel, en termes de
douches?
|
Trois années de douches quotidiennes équivalent à 1 kilo de viande de boeuf!
Ces quelques chiffres nous aident à mieux
comprendre le dilemme de la planète que l'on pourrait (presque) résumer
comme un choix entre l'eau pour les pauvres et de la viande pour les
riches.
Le dilemme se complexifie, en fait, car
les riches, maintenant, non seulement veulent de la viande, et encore plus
de viande, mais ils veulent aussi des agro-carburants pour faire rouler
leurs voitures.
La folie des nécro-carburants est ainsi en
train de se répandre comme une peste sur toute la planète. Elle accentue
d'autant plus la pénurie de l'eau car il faut jusqu'à 3600 litres d'eau
pour produire un litre d'éthanol (à partir de 2,5 kilos de maïs). En 2006,
aux USA, 20 % de la production nationale de maïs ( à savoir 55 millions
sur les 270 millions de tonnes produites) a été brûlée dans les centrales
à éthanol.
Encore plus de pénurie d'eau
Le bilan de l'agriculture moderne est
encore pire que ce que l'on peut imaginer car ce ne sont que les effets
directs que nous venons de décrire.
Il nous faut maintenant aborder les
conséquences indirectes de cette agriculture non-durable sur la gestion
des eaux.
Le premier aspect concerne la destruction
de la couverture végétale dans les grandes plaines, en particulier dans le
passé aux USA et en Australie et plus récemment dans des pays comme le
Kazakhstan. Aux USA, un nouveau concept agronomique, aussi insensé que
celui de la "vigueur hybride", vit le jour dans les années 1860-1870.
Selon ce concept, la pluie allait suivre la charrue, à savoir que la
destruction de la couverture végétale des grandes plaines allait augmenter
le régime des pluies.
N'importe quel enfant d'une tribu
d'Amérindiens aurait pu prouver aux agronomes US qu'ils avaient
complètement perdu la raison. Les cycles de sécheresse et de tempêtes de
sable, dont le "Dust Bowl", eurent raison de ce délire laboureur quasi
mystique. Mais les dégâts furent considérables.
Le second aspect, souvent lié au premier,
concerne la destruction de l'humus dans le sol. La perte d'humus fait du
sol une vraie passoire, ou une chape de béton sur laquelle tout ruisselle,
en fonction de la nature des sols. En bref, les sols de l'agriculture
moderne ont perdu toute capacité de rétention équilibrée de l'eau pour une
croissance harmonieuse des plantes alimentaires. Ce problème est d'autant
plus aggravé que les populations de vers de terre ont été décimées par des
dizaines d'années d'agriculture mécanisée et toxique.
L'irrigation intensive des cultures
n'existe que parce que la structure des sols a été complètement détruite
et parce qu'aussi, l'industrie a inventé des arroseurs mécaniques.
L'irrigation intensive des terres agricoles provoque, soit dit en passant,
un énorme problème de salinisation sur toute la planète.
Le troisième aspect est lié à la
déforestation. Les 300 millions d'hectares de forêts tropicales qui ont
été détruits durant ces 20 dernières années, l'ont été en grande partie
pour des productions agricoles. C'est une catastrophe planétaire car les
forêts sont non seulement un poumon mais une immense réserve d'eau.
L'arbre, par essence, appelle la pluie. Et
quand la pluie vient, elle percole sans aucun ruissellement.
La déforestation chasse la pluie et amène
la sécheresse. Et si jamais la pluie vient, elle ne percole plus, elle ne
fait que ruisseler et générer des inondations qui aggravent l'érosion des
sols. C'est un cercle vicieux.
Et cela ne va pas être aisé de sortir de ce
cercle vicieux en raison des bouleversements climatiques qui sèment le
chaos sur la planète depuis plusieurs années et qui augmentent en
sévérité. Ces bouleversements n'auraient peut-être pas été aussi
"bouleversants" si les écosystèmes naturels avaient été respectés, et si
les activités agricoles avaient été gérées harmonieusement.
Il est trop tard et la planète a épuisé sa
capacité de prendre des coups sans réagir.
Les grands glaciers planétaires sont en
train de fondre. Au mois d'avril 2007, l'Inde était complètement
bouleversée d'apprendre que, peut-être, dès 2025, tous les glaciers de
l'Himalaya auraient disparu.
Les glaciers de l'Himalaya sont la source
de 7 grands fleuves: le Gange, l'Indus, le Brahmaputra, le Mekong, le
Thanlwin, le Yangtze et le Fleuve Jaune. La fonte des glaciers va tout
d'abord provoquer d'immenses inondations ainsi que des glissements de
terrains catastrophiques et ensuite générer une impitoyable pénurie
d'eau.
Les gouvernements évoquent, à moyen terme,
de déplacer des centaines de millions de leurs paysans. Ce qui est parler
pour ne rien dire et juste pour amuser les journalistes. Les déplacer vers
quel ailleurs? Surtout si la montée des océans recouvrent les grands
deltas et une bonne partie du Bangladesh.
Le problème se pose de la même façon en
Amérique du sud. La fonte totale des glaciers des Andes pourrait rendre
totalement inhabitable une grande partie de ce continent.
Les glaciers, en fait, constituaient
auparavant 70 % de la réserve d'eau douce de la planète. Leur disparition
sur tous les continents va provoquer d'énormes catastrophes dont il est
très difficile d'imaginer la nature.
Finissons par une notre d'optimisme, une
petite cerise sur le gâteau de sable: en France, malgré 70 ans de chimie
intensive sur les terres agricoles, toutes les réserves d'eau Françaises
ne sont pas encore irrémédiablement polluées!! Cela s'arrose!
En effet, selon les enquêtes publiées
par l'IFEN en 2005, 96% "seulement" de nos cours d'eaux et 61%
"seulement" de nos nappes phréatiques sont pollués par "seulement" 230
pesticides: la molécule la plus présente étant l'atrazine qui génère
cancers (du sein et des ovaires), maladies cardio-vasculaires,
dégénérescences musculaires, lésions des poumons et des reins, etc.
Aux USA et au Canada, des études sérieuses
ont mis en évidence la présence, dans les eaux, de très nombreuses
substances: estrone, ethinylestradiol (venant des pilules contraceptives),
des anti-inflammatoires, des remèdes contre le cancer, des
tranquillisants, etc. Aux USA, chaque année un million de patients
cancéreux sont traités par chimiothérapie. Ces patients génèrent
approximativement, chaque année, 650 000 tonnes d'excréments qui sont
évacuées dans les égouts. Des chercheurs se sont aperçus que toutes les
substances utilisées en chimiothérapie sortaient intactes des systèmes de
retraitement d'eau. Toutes ces substances sont mutagènes, carcinogènes,
tératogènes et embryotoxiques.
Au Canada, en 1998, deux chercheurs, White
et Rasmussen, ont calculé que la génotoxicité présente dans l'unité de
retraitement des eaux usées de Montréal d'une part et dans le St Laurent
d'autre part étaient seulement imputables à l'industrie à hauteur
respectivement de 15 % et de 10 %. Tout le reste avait une origine
"mystérieuse", selon leurs commentaires.
En 2005, en Suisse, une thèse de doctorat a
porté sur la contamination de l'environnement par les substances
pharmaceutiques. (recherche de Tauxe Würsch, Annick ; Tarradellas,
Joseph).
"Dans la première partie de cette
recherche, la présence et le devenir de cinq médicaments très utilisés
(Acide Clofibrique, Ibuprofène, Kétoprofène, Acide Méfénamique et
Diclofénac) ont été analysés dans trois STEPs durant quatre à sept jours
consécutifs. L'Ibuprofène, le Kétoprofène, l'Acide Méfénamique et le
Diclofénac sont des anti-inflammatoires (NSAIDs). L'Ibuprofène et l'Acide
Méfénamique sont les médicaments les plus vendus de cette étude: 17 tonnes
par an et par substance en Suisse. L'Acide Clofibrique est un métabolite
du clofibrate, de l'étofibrate et du clofibrate d'étofylline. Ces
substances hypolipémiantes sont utilisées pour abaisser les concentrations
plasmatiques élevées de cholestérol et de triglycérides. La méthode
analytique développée pour analyser ces cinq médicaments permet de
récupérer généralement plus de 70% de ces composés. Les limites de
détection (5-15 ng/l) permettent la détection de ces substances dans les
échantillons d'eaux usées.
Les résultats de l'analyse des
échantillons montrent que ces cinq substances étaient persistantes et se
retrouvaient dans les effluents des STEPs ..."
En conclusion, au bout du compte qui va
trinquer? Nous sommes en pleine pénurie d'eau et ce qui reste d'eau peut
difficilement mériter le qualificatif de H2O!
L'eau de boisson, l'eau d'irrigation, est
devenue un dangereux cocktail de pesticides, de produits pharmaceutiques
et de résidus industriels.
Et pour couronner le tout, l'eau, bien
précieux et bien collectif de l'humanité, est devenue une affaire privée
dans les griffes de quelques multinationales mafieuses.
Voleurs d'eau, Voleurs de terre, Pollueurs
d'eau, Pollueurs de terre, ce sont les mêmes!
Les Vers de Terre
Sur la planète Dune, les grands vers sont
les Seigneurs des déserts. Ils sont la source unique de l'Epice, le
Mélange de longévité. Grâce à sa fournaise interne de digestion, un grand
ver de 200 mètres peut générer dans l'atmosphère autant d'oxygène qu'une
surface couverte de végétation sur dix kilomètres carrés.
Sur la planète Terre, les petits vers sont
les Seigneurs des Anneaux! Ils sont l'intestin et le grand recycleur de
notre planète et Darwin passa les dernières années de sa vie à les
étudier. Il en existe plus de 3600 espèces répertoriées au monde (dont 350
espèces en Europe). Cependant, il est estimé que le nombre réel d'espèces
peut atteindre 7000 ou même 10 000. Ils peuvent vivre jusqu'à 15 ans.
Les quelques espèces géantes (de 60 cm à 1
mètre de longueur) qui existaient en Oregon aux USA, Driloreirus
americanus et Driloreirus macelfreshi, ont totalement disparu.
Ces grands vers blancs exsudaient une substance au parfum de lys. Une
espèce de ver géant subsiste encore en Australie. Megascolides
australis peut atteindre 1 mètre de longueur et 3 mètres de longueur
en s'étirant.
Les vers de terre peuvent abonder dans des
terres fertiles et saines. Une prairie permanente non traitée peut en
compter de 150 à 400 par mètre carré, à savoir d'1,5 à 4 millions
d'individus par hectare, ce qui représente une masse d'1 à 3 tonnes de
vers par hectare.
En comparaison, un vignoble ou un champ de
céréales maltraités par l'agriculture industrielle et toxique n'en
contient que d'un à trois individus par mètre carré. A savoir 130 fois
moins.
Les vers de terre sont la clé de la
fertilité des sols. Ils sont de trois types:
- Les Epigés (les plus petits, de 1 à 5 cm
de longueur) travaillent en surface à digérer le couvert végétal.
- Les Endogés (les vers de taille moyenne,
de 1 à 20 cm de longueur) sont sous terre et se nourrissent de matière
organique déjà décomposée. Ils peuvent creuser jusqu'à 500 mètres de
galeries par mètre carré. Ils représentent 20 à 50% de la biomasse des
terres fertiles.
- Les anécique (les plus grands vers qui
font de 10 cm à 1 mètre de longueur) vivent dans le sous-sol et peuvent
creuser des galeries verticales de trois mètres de profondeur. En Europe
tempérée, ils représentent 80 % de la masse totale des vers de terre.
Les vers de terre sont de grands
laboureurs: ils enfouissent dans les couches profondes du sol les éléments
organiques qu'ils ont prélevés et fragmentés en surface et remontent à la
surface la terre des couches profondes ingérée en même temps que les
matières organiques.
Les vers de terre sont de grands aérateurs:
ils peuvent creuser jusqu'à 5000 km de galeries par hectare, ce qui
représente une surface de contact équivalente à 5 hectares.
Les vers de terre sont de grands
percolateurs: toutes les eaux de pluie, y compris de violentes pluies
d'orages, (jusqu'à 160 mm d'eau par heure) peuvent être absorbées par le
sol grâce à ce même travail d'élaboration de galeries.
Les vers de terre sont de grands
digesteurs: une biomasse moyenne de vers de terre (environ une tonne par
hectare) ingère, en une année, 400 tonnes par hectare de terre et de
matière organique (jusqu'à 1 000 tonnes dans les zones tropicales).
Les vers de terre sont, ainsi, de grands
régulateurs biologiques du sol, grâce à leur grande capacité d'interaction
avec les micro-organismes. Ils produisent du mucus (qui est un substrat
organique très énergétique) qu'ils mélangent dans leur tube digestif avec
le sol ingéré (qui contient des particules minérales, organiques, et de la
microflore) et de l'eau. Leur système digestif mutualiste crée ainsi un
milieu idéal pour les bactéries dormantes dans le sol ingéré: elles
réactivent leurs capacités enzymatiques et digèrent la matière organique.
Leurs déjections constituent ensuite des complexes organo‑minéraux
stables. Certaines espèces de vers de terre produisent des phytohormones
qui vont favoriser la croissance des plantes. Les vers de terre peuvent
également annihiler l'effet négatif des nématodes phytoparasites sur le
rendement des cultures
Les vers de terre, source par excellence de
fertilité, ont "déserté" les terres agricoles qui sont devenues les
poubelles toxiques de l'agro-industrie. Quel pourcentage de vers subsiste
dans les terres agricoles françaises, par exemple? Le calcul est simple.
Comme l'agriculture biologique ne représente que 2 % des surfaces et que
les vers de terre ne survivent pas dans les terres massacrées par l'agro-chimie,
ce sont donc 98 % des vers de terre qui ont disparu.
Cette agriculture intensive et industrielle
les a détruits de quatre façons:
- par le labour: les lames de charrue les
déchiquettent et le retournement du sol les exposent à de très nombreux
prédateurs à la surface.
- par le passage d'engins agricoles
excessivement lourds qui tassent et asphyxient les sols.
- par la faim: ils sont, en effet, affamés
par le manque d'apport de matière organique.
- par tous les poisons répandus par les
multinationales biocidaires: pesticides et intrants de synthèse.
Les vers de terre sont d'ailleurs de
puissants concentrateurs de poisons. Ils peuvent concentrer le plomb à des
teneurs de plusieurs dizaines de fois supérieures à celles du sol et le
DDT à des teneurs 150 fois supérieures à celles du sol.
Peut-être les grands mafieux de l'agro-chimie
sont-ils en train de concocter, dans leurs laboratoires secrets, des vers
de terre transgéniques résistants au DDT, à l'atrazine, au glyphosate, à
l'endosulphon, etc? Des petits vers de terre chimériques pour
l'agriculture durable à la sauce Monsanto?
Tsunamis alimentaires
Au risque de nous répéter, répétons-le
cependant: tous les jours, 36 000 personnes meurent de faim, dont 2/3 sont
des enfants. Mourir de faim signifie ne pas avoir assez à manger. Comme le
dirait un célèbre présidentiable, ces enfants sont peut-être programmés
génétiquement pour mourir de faim? La mort par faim est-elle une erreur du
programme génétique de l'humanité?
On trouve encore dans des livres d'école
des commentaires moralisateurs sur la décadence de la civilisation
Aztèque qui sacrifiait quelques victimes sur ses autels de pierre.
La mort quotidienne de faim de 36 000
personnes n'est-elle pas un grand sacrifice collectif mis en place par la
société décadente des riches et toléré par les institutions
internationales?
Le directeur de la FAO, Jacques Diouf,
avait même un jour confié que son organisation pourrait solutionner la
moitié du problème de la faim et de la malnutrition dans le monde avec
seulement l'équivalent de deux semaines de dépenses militaires US, à
savoir une petite vingtaine de milliards de dollars.
Donc, nous allons évoquer maintenant les
surfaces arables disponibles pour la production de nourriture, mais sans
illusion.
Les dés sont pipés: il n'y a aucune volonté
de solutionner ce problème planétaire et on serait même enclin à penser
qu'il y aurait plutôt une volonté affirmée de vider quelques continents
de leur humanité. Après tout, l'Afrique est immensément riche dans son
sous-sol: du zinc, de l'uranium, du pétrole, des diamants, du nickel ...
Et pour l'extraction, les machines conviennent parfaitement.
Selon la FAO, la surface moyenne de terre
arable par habitant était de 0,32 hectare en 1961/1963 (pour une
population mondiale de 3,2 milliards), de 0,21 hectare en 1997/1999 (pour
une population mondiale de 6 milliards) et sera de 0,16 hectare en 2030
(pour une population mondiale estimée à 8,3 milliards).
Selon certains experts indépendants, les
projections ci-dessus sont hautement optimistes car la surface moyenne de
terre arable par habitant dans les pays pauvres sera seulement de 0,09
hectare en 2014. Elle n'était déjà que de 0,08 hectare en 1996 en Chine.
Quel est l'état de la production de grains
à l'échelle planétaire? Un mauvais état.
L'an passé, l'Australie n'a produit que 10
millions de tonnes de blé au lieu des 21 millions escomptées. En 2007, la
situation s'empire pour ce pays. Le premier ministre Australien John
Howard, qui ne croit pas au réchauffement climatique, a déclaré en fin
avril que les agriculteurs du bassin Murray-Darling seraient privés d'eau
d'irrigation s'il ne pleut pas en mai. Ce bassin concentre normalement 70
% des ressources en eau d'irrigation du pays et il produit 40 % de la
nourriture pour l'Australie. Au printemps 2007, le flux d'eau de ce bassin
est seulement le quart de la plus mauvaise année enregistrée.
En Chine, ces dernières années, la
production de blé est tombée en-dessous de 100 millions de tonnes alors
qu'elle avait été de 127 millions de tonnes en 1997. Cette baisse est
imputable à la pénurie en eau.
En fait, les pays grands producteurs de
grains, les USA, la Chine, l'Inde, l'Australie, la France sont confrontés
à de graves pénuries d'eau. Dans le sud-ouest de la France, des
agriculteurs abandonnent la culture du maïs irrigué.
Au niveau mondial, les stocks sont au plus
bas depuis 35 années. Ils étaient de 57 jours à fin 2006. Les cours des
denrées alimentaires flambent. Aux USA, 115 % d'augmentation pour le maïs
en 15 mois.
Soyons réalistes, la Planète Terre
continuera bien à nourrir une petite partie (de plus en plus restreinte)
de la population humaine jusqu'en l'an 2050. Après quoi, rideau:
changement de décor. Et c'est un scénario optimiste (quant à l'échéance
dans le temps) car il ne prend en compte ni l'accroissement de la
population mondiale, ni la montée des niveaux des océans, ni les
bouleversements climatiques que tout un chacun peut commencer à observer,
ni bien sûr un emballement climatique que personne n'ose imaginer.
Ce scénario "optimiste" ne prend pas en
compte non plus, bien sûr, la grande supercherie des agro-carburants que
nous venons de dénoncer dans notre article "Mettez du sang dans votre
moteur: la tragédie des nécro-carburants".
Ces agro-carburants vont générer une
accélération de la déforestation: l'Indonésie, par exemple, envisage de
détruire 16 millions d'hectares de forêts pour les remplacer par du
palmier à huile (bientôt transgénique). Une telle monoculture constitue la
première phase du processus de désertification car un sol tropical
découvert devient à très court terme un désert.
Selon des scénarios résolument pessimistes,
ou tout simplement, en fait, réalistes, de grandes crises alimentaires
vont se profiler dès l'année prochaine et peut-être même dès cette année.
Les températures ne cessent de grimper et
toutes les anciennes variétés agricoles, qui se caractérisaient par une
très grande résilience, ont été éradiquées par les multinationales de l'agro-chimie
et de l'agro-alimentaire et leurs complices dans les appareils d'état.
Sauve qui peut les anciennes variétés!!
Le Titanic agricole est en train de sombrer
et c'est un tsunami alimentaire qu'il va provoquer. L'an prochain ou
peut-être demain.
Le monothéisme: une erreur de programme génétique?
Une civilisation qui détruit ses semences,
qui détruit ses sols, qui détruit ses eaux, qui détruit ses enfants, c'est
une civilisation en train de mourir. La civilisation occidentale est
moribonde. Va-t-elle entraîner le reste de l'humanité et tous les
écosystèmes dans son sillage?
Dans le passé de l'humanité, de nombreuses
civilisations ont émergé et puis disparu, parfois à la suite de la
désertification de leurs terres. Ce qui caractérise notre civilisation
occidentale, cependant, c'est sa capacité à détruire tout ce qu'elle
touche. Elle génère un désert d'amplitude planétaire.
Il est fort intéressant de percevoir que
les trois religions monothéistes sont nées du désert.
Depuis 2000 ans, le monothéisme a généré,
en de nombreuses contrées, un désert culturel: hors du monothéisme, point
de salut. Il n'est pas dans notre propos, ici, de débattre des
différences entre ces trois courants monothéistes et de débattre de leur
participation respective aux fondements de la société occidentale et de
leur responsabilité respective dans l'aggravation du cauchemar écologique
que nous infligeons présentement à la sphère planétaire.
Nous souhaitons juste souligner que la
société occidentale est née du désert et qu'elle retourne aujourd'hui au
désert pour mourir. Malheureusement, elle ne retourne pas au désert,
berceau de ses origines: c'est toute la Planète Terre qu'elle transforme
inexorablement en un désert mortuaire.
Pour les fondateurs de la société
occidentale, le désert n'était pas valorisé en tant qu'écosystème. C'était
juste un vide, l'idéalisation d'un état de désengagement, d'aliénation, un
symbole de la nature de l'esprit humain. C'est la société occidentale qui
a inventé l'histoire écrite avec tous ses avatars d'évolution, de temps
linéaire, de progrès, de croissance. C'est la société occidentale qui a
sombré dans la folie de la croissance illimitée sur une planète finie, sur
une planète limitée. Sans doute parce que ses racines sont empreintes
justement d'aliénation, dans le sens d'une coupure totale d'avec le milieu
ambiant, dans le sens d'un irrespect total de la Nature, dans le sens d'un
abandon total des connections avec le Cosmos. Désert, desertus, deserere,
abandonner.
Peut-on dire avec David Miller que le
monothéisme engendre d'un point de vue social le fascisme, l'impérialisme,
le capitalisme; engendre d'un point de vue philosophique la dualité, la
dichotomie et la non-diversité; engendre d'un point de vue psychologique
des conceptions rigides, linéaires et figées? Et nous pourrions peut-être
ajouter que le monothéisme engendre d'un point de vue agricole la
monoculture, la monoalimentation, la destruction de la diversité
biologique. En fait, le monothéisme ne serait-il pas la négation même de
la Vie?
La relation entre le monothéisme et le
désert reste un sujet fascinant à explorer. Car le désert a aussi engendré
de magnifiques civilisations, tels les Chacos dans le sud-ouest des USA,
qui n'ont pas sombré dans l'impérialisme. Les Aborigènes ont survécu dans
le désert Australien pendant 40 000 années et ont été détruits en peu
d'années par les colons blancs qui ont détruit également tous les
écosystèmes.
Peut-être la mission de l'humanité future
et survivante sera-t-elle de réapprivoiser le désert?
Dominique Guillet. Le 3 mai 2007.
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