Cette actualité a été publiée le 30/11/2009 à 21h06 par Michel95.
Information recueillie par Michel95
La tribune d'Elisabeth Laville, fondatrice d'Utopies et de mescoursespourlaplanete.com
La sortie cette semaine du film Food Inc. (produit par l'équipe américaine qui a financé le film d'Al Gore) enfonce encore un peu le clou : il est urgent d'inventer un système alimentaire différent, qui respecte tout autant la santé, la terre et le travail de ceux qui la cultivent.
Il s'agit d'abord d'une question politique.
Nous devons demander à nos décideurs de tout faire pour réduire la dépendance aux énergies fossiles de notre agriculture.
L'alimentation représente aujourd'hui plus du tiers des émissions de gaz à effet de serre, en raison de tout ce que l'industrialisation de l'agriculture a amené (les engrais, les tracteurs, la transformation, l'emballage et la conservation) qui consomme du pétrole et émet du CO2.
A titre individuel et collectif, il faudra donc aussi revoir la part de notre budget dépensée pour nous nourrir.
Aujourd'hui, en France, nous consacrons seulement 14% de notre budget à l'alimentation contre plus du tiers en 1960.
Ne nous voilons pas la face : une alimentation plus saine et naturelle voire biologique, coûtera plus cher mais simplement parce que les prix bas auxquels nous nous sommes habitués sont artificiels.
La cause : les subventions et le caractère insuffisamment contraignant de la réglementation qui ne pousse pas à intégrer au prix le coût des pollutions importantes de l'air ou de l'eau, celui de l'appauvrissement de la biodiversité que les exploitations industrielles sont accusées de générer... et encore moins celui des désastres sanitaires engendrés par l'agriculture chimique et l'alimentation industrielle (maladies cardiovasculaires, obésité, diabète et même cancers dont on suppose désormais qu'il sont liés pour partie à la pollution de l'environnement et pour partie à notre alimentation).
Au fond, l'alimentation bon marché est malhonnête, car le vrai prix à payer est en fait déraisonnablement élevé.
Le résultat est que nous sommes prêts à payer 100 euros pour un téléphone portable mais pas plus de 1,50 euros pour les repas de nos enfants à la cantine.
Et que les politiques investissent des millions dans le système de santé pour soigner les maladies chroniques liées à l'alimentation, mais bien peu en comparaison dans la prévention de ces maladies par la nutrition et l'éducation à une nourriture saine.
En parallèle, certaines sources d'optimisation des coûts restent inexplicablement ignorées : en Europe aujourd'hui, un tiers au moins de la nourriture produite est jetée sans être consommée, sans même que ces déchets soient compostés pour remplacer des engrais pétro-chimiques.
Et l'expérience montre que le "bien manger" pourrait être financièrement accessible à tous, grâce à quelques efforts judicieux : une collaboration privilégiée avec les producteurs locaux qui minimise les coûts de transport, mais aussi le choix de fruits et légumes de saison et plus de repas végétariens qui contribueront à faire une assiette moins cher et une facture moins salée pour la planète.
Pour en savoir plus sur la situation planétaire
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